Longtemps dominé par les rouges, le vignoble des Terrasses de Montauban cultive aujourd’hui une nouvelle ambition : offrir aux cépages blancs la pleine expression de ce terroir du Tarn-et-Garonne. Sur près de 415 hectares revendiqués en IGP, la part des vins blancs ne cesse de progresser, signe tangible d’une dynamique régionale et d’une évolution du goût des consommateurs. En 2022, près de 26 % des volumes commercialisés sous l’IGP Terrasses de Montauban étaient des blancs (Vins IGP Sud-Ouest), marquant une percée significative au sein d’un territoire historiquement modelé par le gamay et le cabernet franc.
L’aire géographique des Terrasses de Montauban s’étend en périphérie nord de la cité, sur des terrasses alluviales du Tarn et des calcaires meubles, ponctuées de poches argilo-siliceuses. Cette diversité géologique favorise une belle amplitude de maturité et de profils aromatiques dans les blancs. Le climat, aux accents à la fois océaniques et méditerranéens, impose aux vignerons une vigilance toute particulière lors des vendanges, pour préserver l’expression aromatique sans sacrifier la tension acide, essentielle pour les blancs secs de garde.
Les Terrasses de Montauban autorisent une palette variée de cépages blancs, ce qui ouvre la voie à une créativité remarquable. Parmi les plus représentés, on retrouve :
Ce vaste éventail de cépages permet la création de profils allant du sec vif au moelleux, en passant par des cuvées à la trame florale élégante (acacia, chèvrefeuille) et des notes exotiques prononcées. Le choix du mode cultural et de vinification influe également sur la diversité des expressions, beaucoup de domaines s’essayant à la macération pelliculaire ou aux élevages sur lies pour gagner en complexité.
La montée en puissance des blancs dans les Terrasses de Montauban s’accompagne d’une rénovation du matériel végétal et d’une révision des itinéraires techniques. La plupart des nouvelles plantations privilégient des densités moyennes (entre 3 300 et 4 000 pieds par hectare), favorisant :
Le travail du sol est le plus souvent superficiel, pour préserver la structure des terrasses et faciliter l’enracinement profond. Certaines initiatives en viticulture biologique ou en agroécologie, telles que la réintroduction d’engrais verts ou la limitation des intrants de synthèse, accentuent la pureté d’expression de ces blancs, désormais mieux armés face aux pressions cryptogamiques. Selon les données 2023 de l’ODG, 14 % des surfaces plantées en blanc sont aujourd’hui conduites en bio ou conversion, contre seulement 6 % en 2016.
Contrairement à d’autres vignobles du Sud-Ouest où le mono-cépage est roi, les Terrasses de Montauban se distinguent par le recours à l’assemblage, héritage d’une tradition locale soucieuse de réconcilier puissance aromatique et fraîcheur en bouche. Ainsi, de nombreux domaines choisissent d’assembler le Sauvignon à l’Ugni blanc pour jouer sur l’équilibre acidité/richesse, ou revisitent la trame du Colombard avec une pointe de Chardonnay pour apporter souplesse et longueur.
Quelques signatures notables :
On note également, depuis 2020, l’apparition de cuvées parcellaires, où les vignerons cherchent à isoler l’expression d’un cépage sur un type de sol précis : Chardonnay sur argilo-calcaires, ou Sauvignon sur limons siliceux, pour explorer la dimension « micro-terroir » au sein même du Tarn-et-Garonne.
La demande croissante pour des vins blancs aromatiques, frais et peu boisés s’est affirmée sur les marchés français et européens. Entre 2015 et 2022, la part des ventes de blancs des Terrasses de Montauban a progressé de près de 11 points, portée par la restauration locale, les cavistes généralistes et une clientèle citadine en quête de nouveauté (source : ODG Terrasses de Montauban).
La reconnaissance s’invite également aux concours : la cuvée Château Lassalle, Sauvignon d’exception, a reçu la médaille d’argent au Concours Général Agricole de Paris en 2023. D’autres domaines collectent médailles et distinctions, servant de tremplin à une identité régionale longtemps timide. Cette dynamique stimule l’arrivée de jeunes vignerons, plus ouverts à l’innovation (fermentations naturelles, élevages long sur lies, vinification en amphore), et à une valorisation qui échappe à la simple logique de volume.
Les défis liés à l’évolution climatique font des cépages blancs un précieux terrain d’expérimentation dans les Terrasses de Montauban. Face à la précocité des vendanges, la recherche s’oriente vers des cépages offrant une meilleure résistance au stress hydrique, comme le colombard et certains clones de sauvignon plus tardifs – expérimentations désormais suivies par l’IFV Sud-Ouest (IFV).
L’avenir s’écrira aussi autour de l’œnotourisme : dès 2024, la Route des Vins de Montauban mettra à l’honneur les blancs dans ses parcours de dégustation, aux côtés des marchés gastronomiques et des balades patrimoniales. L’alliance avec la gastronomie locale – fromages de chèvre, poissons du Tarn, spécialités maraîchères – donne aux blancs des Terrasses une visibilité inédite, capable d’attirer une nouvelle génération de consommateurs.
Au contact des vignerons, une chose se confirme : les cépages blancs ne sont plus de simples « parents pauvres » du Tarn-et-Garonne, mais de véritables marqueurs d’authenticité et d’innovation. Entre tradition maîtrisée et expérimentations audacieuses, les Terrasses de Montauban tracent leur voie, prouvant que richesse et fraîcheur peuvent pleinement s’exprimer sous ce ciel, pour peu que l’on prenne le temps de savourer chaque verre.
Pour approfondir la question et découvrir ces blancs d’exception, le site Vins IGP Sud-Ouest propose une carte des producteurs et des analyses détaillées, tandis que les événements annuels comme « Les Vignes Révélées » sont de précieux moments d’immersion sensorielle.